Le président de la République était, lundi 12 Juillet, l'invité d'une émission spéciale sur France 2:
S’appuyant sur le rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) qu’il a qualifié "d’extrêmement fouillé", Nicolas Sarkozy a réaffirmé son entier soutien à Eric Woerth considérant qu’il était "lavé de tout soupçon".
"Eric Woerth est un homme profondément honnête qui vient de subir la calomnie. Je n’ai aucune raison de m’en séparer ». C’est donc lui qui « défendra la réforme des retraites selon le calendrier prévu", a enchaîné le chef de l’Etat.
"Il faut que chacun revienne à la raison et se concentre sur l’essentiel", a insisté M. Sarkozy, une manière d’évacuer l’affaire bien que la question latente du conflit d'intérêt reste entière.
A tel point que le chef de l'Etat a annoncé la mise en place, la semaine prochaine, d'une "commission représentant toutes les familles politiques" pour éviter à l'avenir "toute forme de conflit d'intérêts", après l'affaire Woerth-Bettencourt. Preuve, s'il en était besoin, qu'il y a donc bien un problème.
"Sur cette question de conflit d'intérêts, j'ai entendu qu'il y avait des propositions des uns ou des autres sur le sujet et je suis très attentif à ces propositions", a expliqué le président Sarkozy sur France 2 qui "conseille" cependant à Woerth de quitter ses fonctions de trésorier de l'UMP.
Mais au-delà du dossier Woerth, la succession des révélations des écarts de comportements de plusieurs ministres fait désordre pour celui qui, en 2007, avait promis une « République irréprochable ».
Remaniement au mois d'octobre
Le Président qui ne veut pas donner l'impression de gouverner sous la contrainte, a confirmé que le remaniement ministériel aurait lieu en octobre après la réforme des retraites, ajoutant cependant que ceux qui préconisaient une "équipe resserrée" avaient "raison".
S'il lui permet de reprendre la maîtrise du calendrier, ce remaniement différé ne lui permettra de redynamiser un gouvernement que certains, au sein de son propre camp, considèrent comme à bout de souffle, entre ministres pointés du doigt et ceux qui ne pèsent pas ou peu.
Interrogé sur la conduite des enquêtes dans l'affaire Woerth/Bettencourt par le procureur Courroye, le président a défendu le magistrat. "Comme c'est curieux, lorsqu'au début de la semaine dernière les éléments étaient à charge contre Eric Woerth, personne ne posait cette question, comme par hasard les juges étaient indépendants", a estimé M. Sarkozy.
Un commentaire qui ne laissera pas de marbre l'opposition. Car nombreux au PS et dans le monde judiciaire dénoncent un front judiciaire morcelé, piloté par un seul homme réputé en outre proche du chef de l'Etat et réclament la nomination d'un juge d'instruction, magistrat indépendant et inamovible, garant d'une procédure contradictoire et impartiale.
Le président a rejeté une telle idée. "Vous croyez que ce serait indépendant de dire 'ce serait bien qu'on change de juge', qu'on en mette un autre ? Ce n'est pas ma conception de l'indépendance de la justice", a-t-il affirmé.
Fermeté sur la réforme des retraites
Sur la réforme emblématique de la seconde partie de son quinquennat, Nicolas Sarkozy a réaffirmé qu'il n'accepterait pas de revenir sur le recul de l'âge de départ à la retraite à 62 ans ni sur l'alignement des cotisations retraites public/privé, mais qu'il était ouvert sur le reste.
Le chef de l'Etat qui a précisé qu'il aurait des contacts pendant l'été avec les partenaires sociaux, a par ailleurs souligné qu'avant la réforme, "la pénibilité n'existait pas". "Nous créons un droit nouveau" "J'essaye d'être juste" a-t-il souligné.
M. Sarkozy a ajouté que les manifestations auxquels il s'attendait n'auraient aucune influence sur la version finale de la réforme des retraites. "Je m'attends à ce qu'il y ait des manifestations. Je sais qu'il y a de la souffrance. Ce qui aura une influence, c'est l'idée que nous nous ferons de la justice.
Maintien du bouclier fiscal et de l'ISF
"Il existait avant mon élection des contribuables qui payaient 100% d'impôt, c'est-à-dire il gagnait 1.000, ils payaient 1.000 et ils partaient tous", a argumenté le chef de l'Etat, défendant le bouclier fiscal qui permet à un contribuable de ne pas payer plus de 50% de ce qu'il gagne en impôts.
"Mais si en France, on n'a plus personne pour investir, on n'a plus personne pour dépenser, si on n'a que des gens qui n'ont rien, comment on va faire tourner l'économie française?", a-t-il lancé.
Le président ainsi cité, à titre d'exemple, "Mme Bettencourt, qui est propriétaire de L'Oréal, je souhaite qu'elle reste propriétaire de L'Oréal et que L'Oréal ne parte pas dans un autre pays", a expliqué Nicolas Sarkozy.
Le chef de l'Etat a par ailleurs redit qu'il ne supprimerait pas l'impôt sur la fortune (ISF). "Je considère que (...) quand on a de l'argent, c'est normal de payer des impôts", a-t-il souligné, tout en rappelant que "de tous les pays du monde, la France est celui qui taxe le plus les contribuables aisés".
Il a également réaffirmé que le gouvernement n'augmenterait pas les impôts pour réduire les déficits publics, sinon, a-t-il averti, "nous n'aurons plus d'entreprises" et "nous n'aurons plus de consommation en France".
Mineurs délinquants et absentéisme à l'école
"J'ai demandé à François Fillon, au Garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, et au ministre de l'Intérieur de préparer un texte pour que puisse être mise en cause la responsabilité de parents lorsque des mineurs de 12, 13 ans se trouvent à une heure du matin seuls la nuit dans la rue à casser des bus ou à jeter des cocktails Molotov", a-t-il dit, ajoutant : "On peut se demander si la responsabilité des parents n'est pas engagée".
Le chef de l'Etat entend introduire "un petit peu" de responsabilité pénale pour les parents, afin qu'ils "puissent être appelés pour réparer les dégâts de leurs enfants".
A propos de l'absentéisme scolaire, il a évoqué la suppression des allocations familiales aux parents d'enfants absents. "Quand les absentéistes reviendront à l'école, on rendra ce que l'on a supprimé", a-t-il dit.
Nouveau quinquennat, décision fin 2011
"Ils ont tous dans la classe politique le droit, peut-être même le
devoir de penser à la présidentielle. Il n'y en a qu'un qui n'a pas le
droit, c'est moi", a-t-il déclaré lors d'une émission spéciale sur
France 2.
"Pourquoi je n'ai pas le droit ? Parce que toute mon énergie, à chaque
minute, doit être réservée aux Français pour les sortir de la situation
où ils se trouvent, et on va y arriver, je vous le dis, on va arriver à
sortir de la crise", a-t-il ajouté. "Ma décision, je la prendrai quelque
part, mon Dieu, pas avant, pas avant l'automne 2011", a-t-il conclu.
Source: France 2
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