Extrait du nouvelOBS.com
Nicolas Sarkozy, dans sa première intervention dans la campagne des élections européennes, a appelé mardi soir les Français à "changer l'Europe", en s'appuyant sur le bilan de sa présidence de l'Union européenne.
"Il nous faut changer l'Europe. La présidence française de l'Union européenne en a apporté la preuve: une autre Europe est possible, une autre Europe est nécessaire et cette Europe-là peut peser dans les destinées du monde", a lancé le chef de l'Etat lors d'une "réunion républicaine" à Nîmes (Gard) devant 3.000 personnes venues sur invitation.
Dans son discours de 50 minutes devant les élus UMP de la région -les élus d'opposition avaient été invités, selon le sénateur-maire UMP de Béziers Raymond Couderc-, M. Sarkozy n'a évoqué à aucun moment le scrutin du 7 juin, qui ne passionne guère les Français. La réunion n'était officiellement pas un meeting UMP. "Ce soir, je veux parler à tous les Français", a-t-il lancé d'emblée.
Mais il a consacré l'essentiel de son propos à développer sa vision de la nouvelle Europe qu'il souhaite voir émerger de la crise.
Face à l'"Europe de l'impuissance", qui "ne fait plus de politique", M. Sarkozy, dans la droite ligne de son discours de la campagne de 2007, a insisté sur la nécessité de retrouver l'esprit de "l'Europe des fondateurs" d'une "Europe qui protégeait", pour "réconcilier la France du 'oui' et celle du 'non'".
Pour illustrer cette conception, le chef de l'Etat a multiplié les rappels de son action volontariste pendant la présidence française de l'UE au second semestre 2008: réponse à la crise, action pour la "moralisation du capitalisme", Géorgie, Union pour la Méditerrannée, adoption du paquet énergie-climat... Il a vanté l'Europe "qui agit", "capable de réunir tous les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro", "l'Europe qui a sauvé ses banques" ou son industrie automobile, ou qui a adopté dès 2007 le traité de Lisbonne sur proposition française.
Nicolas Sarkozy a développé les propositions qui figureront dans le projet que l'UMP doit présenter jeudi, en même temps que ses listes.
Soucieux de couper l'herbe sous le pied du Front national et de Philippe de Villiers, le chef de l'Etat a mis en exergue son hostilité à l'adhésion de la Turquie. Alors qu'il n'avait pas bloqué le processus d'adhésion pendant sa présidence européenne, il a souhaité que l'UE "engage dès maintenant avec la Turquie des négociations pour créer un espace économique et de sécurité commun".
M. Sarkozy, dans une envolée que ne renieraient pas les socialistes, a ensuite plaidé pour une "gouvernance économique" de l'UE, avec des "débats" sur les politiques monétaire, budgétaire, de concurrence ou de fiscalité.
Réaffirmant son soutien à la "préférence communautaire", il a appelé de ses voeux "l'instauration d'une taxe carbone qui permettra à l'Europe de faire face au dumping écologique", ou contesté la règle de l'unanimité pour baisser la TVA sur les disques, les vidéos ou les produits propres.
M. Sarkozy a souhaité une Europe "exemplaire sur la régulation financière", proposant la création d'un "comité des régulateurs bancaires avec de vrais pouvoirs de sanction".
Partisan d'une "vraie politique de l'énergie", il a évoqué l'idée d'une "centrale européenne d'achat du gaz pour que l'Europe ait une vraie force de négociation face à ses fournisseurs". N'oubliant pas les agriculteurs, il a promis de se battre pour "conserver une politique agricole commune ambitieuse".
Sans évoquer ses opposants socialistes, M. Sarkozy, excluant à nouveau toute hausse des impôts face à la dérive des déficits, les a mis en contradiction sur le bouclier fiscal. "On ne peut pas vouloir faire l'Europe et refuser le bouclier fiscal que l'Allemagne a inscrit dans sa Constitution", a-t-il lâché.
Alors que le PS appelle les électeurs à le sanctionner, le chef de l'Etat a défendu son bilan. A la veille du deuxième anniversaire de son élection, il s'est vanté d'avoir "bousculé les conservatismes" et "pris le parti de l'action contre celui du renoncement".
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