Depuis le forfait de David Martinon, la bataille fait rage entre Jean-Christophe Fromantin et Arnaud Teullé.
Neuilly-Sur-Seine, attraction électorale des municipales 2008. Qui l'eût cru ? Depuis six mois, le fief de Nicolas Sarkozy est l'objet d'une joute électorale émaillée de coups de théâtre. Un feuilleton aux allures de saga familiale qui fait la «une» des médias, attirés par le côté symbolique d'une cité qui servit de tremplin au locataire de l'Élysée. Tout y est passé : dissidence, trahison, parachutage raté, querelles familiales, sans compter l'inévitable dose de «people».
Hier, sur le marché des Sablons, des télévisions allemande et américaine tentaient d'interviewer les protagonistes de cette élection et se faisaient… rabrouer par des habitants lassés par cette déferlante médiatique. Car, à Neuilly, les gens n'en peuvent plus de cette guerre picrocholine qui oppose des candidats se revendiquant tous peu ou prou sarkozyste. Résultat : dans la ville dont Nicolas Sarkozy fut le maire pendant près de vingt ans (1983-2002), personne n'ose émettre le moindre pronostic. Une situation étonnante dans une ville où tous les maires ont été élus, depuis soixante ans, dès le premier tour.
La douloureuse éviction de David Martinon, porte-parole de l'Élysée et dauphin désigné, débarqué en un week-end après de mauvais sondages, a laissé des traces. La promotion surprise de Jean-Christophe Fromantin, un chef d'entreprise de 45 ans, passé en quelques semaines du statut de dissident à celui de candidat UMP officiel, n'a pas stoppé la crise. Car Arnaud Teullé, 41 ans, autre conseiller à l'Élysée, adjoint au maire sortant et responsable de la section UMP locale, est entré en dissidence. Si Devedjian a pris position en faveur de Fromantin, l'Élysée a fait le choix prudent de se tenir à l'écart de la fin de campagne.
Le pataquès politique a en effet viré, ces derniers jours, à l'imbroglio familial. Andrée Sarkozy, mère du chef de l'État et figure locale, a apporté publiquement son soutien à la liste Teullé. Pierre Sarkozy, le fils aîné du président, a suggéré le slogan de campagne de Teullé : «Fidèle à Neuilly.» Quant à son frère Jean, il s'est retiré de la course aux municipales pour se lancer… aux cantonales. «Arnaud est un ami mais j'ai décidé d'afficher la plus grande neutralité pour les municipales», confie-t-il au Figaro. «Je suis soutenu par une partie de la famille Sarkozy et toute la famille Peretti (Achille Peretti fut le prédécesseur de Nicolas Sarkozy, NDLR)», se réjouit Arnaud Teullé.
Fromantin : «Je ne joue pas ma vie le 9 mars»
Tout cela ne semble pas inquiéter Jean-Christophe Fromantin. «Je ne décode pas tout ce qui se passe, réplique-t-il. J'essaie de rester extérieur au petit jeu de la famille Sarkozy. Moi, je poursuis ma campagne comme avant. On m'a proposé le soutien de l'UMP, je l'ai bien sûr pris. Mais je n'ai rien concédé sur le fond. Je fais ma course. Je ne regarde que la ligne d'arrivée et je ne m'occupe pas des concurrents qui arrêtent ou de ceux qui accélèrent», affirme ce marathonien confirmé (il a couru les 42 km en 3 h 15) et excellent marin (il a remporté le Tour de France à la voile en 1980). «J'aborde le scrutin avec beaucoup de sérénité. Mais je ne joue pas ma vie le 9 mars», ajoute ce père de quatre enfants, totalement inconnu en dehors des frontières de Neuilly il y a encore huit mois.
Bernard Lepidi, candidat CNI, et Alexandre Harmand pour le MoDem, tentent de faire entendre leurs voix. La socialiste Lucienne Buton, qui entame à 75 ans sa cinquième campagne municipale, perçoit «beaucoup de rancœur dans la population». Sans illusion sur ses chances, la plus ancienne opposante de Sarkozy espère juste que les Neuilléens lui donneront «la force d'être une opposition constructive».
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